PETITE CONTRIBUTION A UNE MÉDECINE PARTAGÉE
Voici une petite histoire vraie. Le Théâtre est un endroit rêvé pour distiller de la pédagogie médicale. Ces dernières années, je suis donc monté sur les planches. Je recommencerai parce qu’il y a là une mine. Vous me direz que Molière a déjà fait ça tellement bien que c’est un peu ridicule de vouloir se lancer sur ses traces. C’est vrai. Mais on peut faire de la montagne sans prétendre atteindre le sommet de l’Everest.
J’en viens à mon sujet du jour. J’avais écrit un texte intitulé « Mon Knock » Je racontais comment les médecins parfois choisissent de régner par la peur. Diafoirus, Knock : même combat. Et combien d’autres aujourd’hui…
A ces fouteurs de panique organisés, j’opposais la jeunesse triomphante de quelques jeunes révolutionnaires médicaux soucieux, eux, du bien public. Bichat (portrait ci-joint, de Xavier Bichat) et Laennec, en particulier.
Bichat ! Je commençais souvent mes cours en demandant aux étudiants : « A quel âge est mort Bichat ? » Les réponses variaient généralement de 45 à 75 ans. Je rectifiais sadiquement : il est mort à 31 ans. Si vous voulez faire aussi bien que lui vous avez tout intérêt à suivre ce cours avec la plus grande attention.
Au fait quel est le grand apport de Bichat ? Simple. Alors que depuis des siècles on pensait que la maladie venait du mauvais mélange des liquides au sein du corps, Bichat s’est battu pour faire admettre que la base la meilleure pour distinguer les maladies les unes des autres c’était au contraire d’étudier les dommages repérables affectant les tissus constituant les organes. Bref, Bichat demandait que la « lésion » d’un organe soit tenue pour l’origine de la maladie. Ce qui posait quelques problèmes car les humeurs sortent pour partie du corps et sont accessibles à l’observation mais la lésion demeure cachée. Il fallait donc imaginer une nouvelle façon de faire de la médecine qui permettrait d’imaginer la lésion cachée.
Pourquoi raconter cette histoire ? Voici. Je répétais mon texte, un peu avant la « Première » et une dame connaissant bien le théâtre me servait de guide. J’étais lancé. Elle m’interrompt : « Qu’est-ce que ça veut dire lésion ? » J’ai été interloqué. Mais elle avait raison : c’est un mot très mystérieux : lésion. Je le mettrai très vite au « Dictionnaire »
Conclusion : ce serait épatant si vous pouviez, vous aussi, me demander de vous expliciter ce que vous n’avez jamais compris de la médecine et que vous n’osez pas demander. Peut-être est-ce que ça vous rendrait service pour vos études pour votre activité professionnelle. Mais, pour ce qui concerne ma propre activité, ce serait une véritable occasion de rendre ma pratique plus humaine en comprenant mieux ce qu’il y a dans mon jargon qui me semble clair comme de l’eau de roche et qui paraît au contraire épais et ténébreux aux non initiés.
Avec ce que nous découvririons en commun, nous pourrions faire un petit paquet que l’on enverrait à tous les étudiants en médecine…
Ce n’est pas du tout utopique. Ce serait de la médecine partagée.
On commence ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Fran%C3%A7ois_Xavier_Bichat