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HIPPOCRATE A LA MAISON
13 avril 2011

J’ACCUSE LES MARCHANDS DE PEUR ET DE BOBARDS

desertification_medicale

 

Occupons-nous un peu de problèmes pratiques touchant à l’exercice de la Médecine. A intervalles réguliers de longs gémissements se font entendre en haut lieu. Les Pouvoirs publics se lamentent en effet. Le motif de cette désolation : pas assez de généralistes. En particulier là ou la densité médicale est faible. D’après ce que l’on entend ce serait de la faute des mauvais docteurs. Ah ! Les vilaines gens. Ils n’en n’auraient que pour la ville, et ses promesses de gros sous. Et même les gros sous attireraient plus encore que la ville… Honte à eux.

Qu’il me soit permis de rectifier quelque peu. Dans bien des cas, c’est l’inverse qui est vrai. Je m’explique. Beaucoup de médecins, par goût, ou en raison de l’âge venu, souhaiteraient avoir une activité médicale modérée. Ils préféreraient travailler moins en gagnant moins. Et accepteraient volontiers de nouveaux confrères qui auraient les mêmes ambitions économiques limitées.

Eh bien, ce n’est pas possible. Pourquoi ? Tout simple. Si vous décidez de réduire la voilure et limiter vos activités, les charges, impôts, assurances et Caisses de retraite, les loyers et le matériel, etc. ne vous laissent tout simplement presque rien. C’est ainsi : pour gagner sa vie médicale, sauf à servir une clientèle milliardaire, il faut avoir une grosse activité. On ne peut pas faire tourner aimablement un Cabinet moyen et gagner sa vie.

Je ne vous raconte pas cela pour faire pleurer dans les chaumières, je vous explique simplement à quoi conduit désormais en routine cette absurde fascination pour le « toujours plus ».

Dans ces conditions, menacer les jeunes médecins de les forcer à s’installer dans les déserts médicaux a autant de chance de succès que de vouloir faire prospérer les villes à la Campagne.

Je voudrais dire aussi combien les retombées du Mediator conduisent à des inepties. Je pense avoir été un des premiers à insister sur le fait que le complexe médico-industriel considère les médecins comme leur courroie de transmission économique.  La médecine est un des plus beaux fleurons du monde de la consommation. Rien ne pourra être changé au soi-disant déficit de la Sécurité Sociale tant que ne sera pas discuté cet aspect génératif du dit déficit. Ce n’est pas une raison pour accabler l’Industrie Pharmaceutique de tous les pêchés, au prétexte que les médicaments ont des effets secondaires. Il faudrait d’ailleurs, à ce point de vue, que les médias réfléchissent un peu à cette importante affaire qui est la distinction de la causalité linéaire et de la causalité réticulaire. Chaque jour on nous apprend que telle cause précise détermine tel effet ciblé. Foutaise. X+Y-Z= maladie, faisait valoir avec justesse mon Maître Jean Bernard. Il aurait pu ajouter encore beaucoup de lettres à son équation.

Dans ma jeunesse on racontait cette histoire « Sous un bombardement, un fou tire la chasse des toilettes qui en ces temps avait son réservoir au dessus des têtes. Une bombe fait alors exploser la maison. Le fou rescapé sort des décombres et dit : je ne connais pas ma force ! »

La causalité linéaire expose à pareilles interprétations hâtives. J’ai écrit un jour qu’une pendule arrêtée donnait l’heure exacte deux fois par jour. Je persiste à trouver cette affirmation fort pédagogique.

 La morale de tout cela ? La voici, sous forme d’interrogation : quand va-t-on cesser de rendre la justice médiatique à coups de réductions trompeuses ? Si je voulais me venger, de ces réductionnistes aussi gonflés que creux, voici ce que je ferais : j’inviterais quelques uns  de ces accusateurs à manger du Bar et du Homard… mais je ne leur servirais que les arêtes du poisson et la carcasse vide du crustacé.

 Peut-être comprendraient-ils le mal qu’ils font en terrorisant le bon peuple à grands coups d’affirmations simplificatrices à l’excès.

Et pourquoi pas rêver : peut-être aussi les verrait-on publier, en guise d’autocritique, cette petite annonce autrefois popularisée par Pierre Dac : « Ai perdu hier soir… une belle occasion de me taire ».

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